Le festival zanzibari revient en 2024 pour une 21ème édition. Focus sur cet événement majeur d’Afrique de l’Est, qui célèbre les cultures locales et accueille le monde entier.
Alors que le monde de l’événementiel prend peu à peu conscience des enjeux socio-politiques que peuvent avoir les festivals, nombreuses sont désormais les manifestations culturelles et artistiques qui revendiquent la défense de thèmes comme le droit des femmes, l’écologie, l’accès à l’éducation… Sur l’île de Zanzibar, en Tanzanie, cela fait maintenant 20 ans que le festival Sauti za Busara (le « son de la sagesse ») allie dimension sociale locale avec programmation artistique de pointe, mettant l’accent sur la découverte et la singularité. Lancé en 2003 à Stone Town, la vieille ville au coeur de l’île d’Unguja (la principale de l’archipel), le festival prépare actuellement une 21ème édition – du 9 au 11 février 2024- qui s’annonce aussi haute en couleur que les précédentes : « Nous avons reçu des candidatures d’artistes du monde entier, près de 500 », raconte Journey Ramadhan, directeur du festival. « Ça a été très dur pour le jury d’établir la liste des artistes sélectionnés ».
Avec un focus historique sur les scènes est-africaines, le public (4000 personnes chaque soir) aura l’occasion de voir des artistes tanzaniens confirmés tels que Sholo Mwamba, Wakazi ou encore le groupe Siti & The Band qui a endossé le riche héritage de l’île, le taarab, en le mariant au jazz, à la funk ou au reggae. Le festival accueille également des musiciens d’autres régions, notamment d’Afrique australe, comme Selmor Mtukudzi (Zimbabwe), fille de la légende Oliver Mtukudzi, mais aussi la chanteuse Zoë Modiga ou encore les jazzmen psychés du groupe The Brother Moves On (Afrique du Sud). Enfin, côté Afrique de l’Ouest et du Nord, Mádé Kuti, fils de Femi et petit-fils de l’illustre Fela, sera sur scène avec son big band nigérian The Movement, tandis que les Algériens de Ita & Mehdy présenteront leur cocktail traditionnel-électronique. « Cela fait plus de deux décennies que le festival offre aux artistes une plateforme leur permettant de mettre en valeur leur identité », se réjouit Journey Ramadhan. « Ils sont ensuite très souvent invités à participer à d’autres événements internationaux. » Une plateforme qui donne également sa chance aux artistes féminines souvent sous-représentées dans les grands événements du milieu : en témoigne la programmation de la zimbabwéenne Mary Anibal, de la kenyane Muhonja ou de la réunionnaise Sibu Manaï.
Au-delà de la musique et des événements, la clé de la réussite de Sauti za Busara, c’est également son ancrage profond dans l’île, en phase avec ses communautés. Durant la préparation mais aussi le déroulement des festivités, ce sont des emplois qui se créent mais aussi des formations qui sont dispensées. Les compétences mobilisées chez les apprenants vont du son, de la gestion de scène à l’éclairage, en passant par la production, le marketing, la presse… « Le festival a fait beaucoup pour Zanzibar », résume Journey Ramadhan. « Il a placé Zanzibar sur la carte mondiale des festivals, a renforcé l’économie locale et, dans le même temps, a permis à la population d’acquérir des compétences et des moyens de subsistance. »
A l’aube de cette 21ème édition, alors que le secteur du live était il n’y a pas si longtemps traversé par la pandémie mortifère du Covid, on ne peut s’empêcher de demander à Mr Ramadhan la clé de cette longévité, encore plus impressionnante au vu de l’état souvent négligé par les pouvoirs publics des industries créatives est-africaines. Le secret ? « Et bien, tous ceux qui font en sorte que le festival existe, d’une manière ou d’une autre. Le staff, les artistes, les sponsors, les donateurs… le public ! ». Merci à eux, et rendez-vous le 9 février.
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